Ami(e)s de Mère Marie-Léonie

Chers Amis de Mère Marie-Léonie,

La troisième partie du vécu de Mère Marie-Léonie est sa vie à Memramcook, NB. Cette période arrive au bon moment dans notre réflexion en ce temps de carême. Sa recherche de la volonté de Dieu dans tous les événements qui lui arrivaient ont contribué à croître en sainteté. C’est notre vocation à tous.

Le temps du carême nous invite à « construire l’église de Pâques » pour se préparer à cette grande fête. Ces 40 jours sont pour se retourner davantage vers Dieu. Plusieurs moyens sont suggérés :

La prière : pour consacrer du temps à Dieu, rien que pour lui, comme à un ami qu’on aime.
Le partage : pour montrer que l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres est vrai, qu’il n’est pas seulement dans les mots mais dans les actes.
Le jeûne : pour faire de la place dans son cœur, sortir de ses habitudes de confort, et ainsi être plus disponible à Dieu et aux autres.
Le sacrement de Réconciliationle pardon de Dieu : pour préparer son cœur et se rapprocher de Jésus.

Je vous propose ce chant qui nous garde en Église avec le Pape François, les évêques, les prêtres et les diacres.

 Nous sommes le corps du Christ, par Noël Colombier

Refrain :  Chacun de nous est un membre de ce corps.
                  Chacun reçoit la grâce de l’Esprit,
                  Pour le bien du corps entier.

Dieu nous a tous appelés à tenir la même espérance, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.
Dieu nous a tous appelés à la même sainteté, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.

Dieu nous a tous appelés des ténèbres à sa lumière, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.
Dieu nous a tous appelés à l’Amour et au pardon, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.

Dieu nous a tous appelés à chanter sa libre louange, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.
Dieu nous a tous appelés à l’union avec son Fils, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.

Dieu nous a tous appelés à la paix que donne sa grâce, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.
Dieu nous a tous appelés sous la Croix de Jésus Christ, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.

Dieu nous a tous appelés au salut par la renaissance, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.
Dieu nous a tous appelés au salut par l’Esprit Saint, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.

Dieu nous a tous appelés à la gloire de son Royaume, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.
Dieu nous a tous appelés pour les noces de l’Agneau, pour former un seul corps baptisé dans l’Esprit.

Nous sommes tous appelés à être par notre qualité d’être, unis aux autres dans l’église de pierre, lieu privilégié de rassemblements, pour devenir ensemble Église de Pâques.

Saint carême et Joyeuses Pâques ! Que la joie du Christ ressuscité nous habite toujours et que la paix règne dans tous les coeurs,

Rachel Lemieux, p.s.s.f.        février 2023


Le charisme de Marie-Léonie Paradis

Chers Amis de Mère Marie-Léonie,

Voici l’animation pour les mois de mars, avril et mai 2023. Ces pages sont à votre réflexion pour renforcer les valeurs qui vous ont interpellé chez Mère Marie-Léonie Paradis et pour les vivre plus intensément étant « Amis de Mère Marie-Léonie ». Mettez toujours en parallèle votre vie à la sienne. Cette méditation se continue sur sa période de vie à Memramcook, NB.

Mère Marie-de-Sainte-Léonie quitta bien à contrecœur Notre-Dame de l’Indiana le 22 septembre 1874 et arriva à Memramcook, NB, le 1er octobre suivant. Elle y fut accueillie par le père Camille Lefebvre, celui-là même qui avait fait le pèlerinage avec Mme Paradis au sanctuaire de Sainte-Anne de Varennes en 1852, qui y avait trouvé sa vocation de Sainte-Croix et qui avait été à l’origine de la vocation d’Élodie chez les Marianites !

Le père Camille Lefebvre n’était à l’oeuvre que depuis sept ans d’une cure en Acadie lorsqu’en 1871, il fut nommé provincial des Sainte-Croix du Canada. C’est à ce titre qu’il se rendit en Indiana rencontrer son Supérieur Général, le père Sorin. Et là, il vit de ses yeux le magnifique travail qu’accomplissaient les Soeurs de Sainte-Croix, celles qui étaient enseignantes, bien sûr, mais surtout celles qui se consacraient au service domestique des Pères de l’Université Notre-Dame ! Il en fut tellement enthousiasmé qu’il voulut en avoir pour son Collège de Memramcook.

Au retour, il consulta son évêque, Mgr Sweeney, et avec son autorisation, il écrivit au Père Sorin : « Je pense sérieusement à me procurer les services de cinq à huit Soeurs de Sainte-Croix car je sens plus que jamais, le besoin de leur présence. »

Après plusieurs démarches le 2 septembre 1874, quatre jeunes novices arrivèrent à Memramcook. Le père Lefebvre jubilait mais aucune ne parlait français. Il écrit au Père Sorin qui acquiesça à cette nouvelle demande en envoyant deux nouvelles Soeurs dont l’une vous est connue Sœur Marie-de-Sainte-Léonie. Il dit : « Elle doit prendre la conduite et la direction des cinq autres. C’est moi qui l’ai choisie et nommée, et j’espère qu’elle répondra à mes vues et aux vôtres. »

Oui, Dieu écrit droit sur les lignes courbes ! L’avez-vous expérimenté ? Comment ?

À 34 ans, Sœur Marie-de-Sainte-Léonie arriva au Collège Saint-Joseph de Memramcook. Les conditions matérielles étaient pitoyables. Les Soeurs de langue anglaise s’installèrent dans une petite maison près du Collège, et Sœur Marie-de-Sainte-Léonie désormais appelée Sœur Léonie ou Marie-Léonie ainsi que les futures postulantes, occupèrent une partie de l’ancien presbytère.

Elle dirigeait l’équipe des religieuses et dès le dimanche suivant son arrivée, elle accueillait comme premières postulantes chez les Soeurs de Sainte-Croix, quatre aide-cuisinières déjà en service depuis plusieurs années au Collège Saint-Joseph. Et elle en accueillit plusieurs autres, par la suite, qu’elle alla elle-même conduire au noviciat Notre-Dame en Indiana.

Le premier hiver fut terrible. Les Soeurs eurent beaucoup à souffrir du manque d’espace et de toutes sortes d’incommodités et de privations. Durant les froids de l’hiver, elles devaient charroyer l’eau d’un puits éloigné, pour le lavage et la cuisine. » Et Soeur Léonie qui souffrait des poumons !

« J’ai bien peur qu’elle ne passe pas le printemps à Memramcook, tant le monde de ce pays prétend que c’est le tombeau inévitable des poitrines faibles, » dit une amie qui la visitait.

Avec la chaleur du printemps, Soeur Léonie fut vite remise sur pied. Les vocations étaient nombreuses en Acadie, plusieurs n’avaient pas les moyens financiers de faire le voyage jusqu’en Indiana. De plus, les Acadiennes parlaient français. Faire un noviciat à Memramcook, pas d’espace, pas assez d’ouvrage pour occuper tout le monde tandis qu’en Indiana il y avait le lieu et des religieuses bien formées. La situation semblait donc sans issue. Et pourtant les besoins étaient immenses... Comme Provincial de sa communauté, le père Lefebvre en était bien conscient. Il y avait le Collège Saint-Joseph de Memramcook, bien sûr, mais il y avait aussi les autres collèges des Pères et des Frères de Sainte-Croix, à Montréal et ailleurs, et là aussi, on avait grand besoin de personnel pour les soins domestiques. Que faire ?

Sans aucun doute, vous avez vécu des situations sans issues… Qu’avez-vous fait ?

Le père Lefebvre en témoigne dans une lettre au père Sorin le 18 février 1875. « Mgr de Montréal donne enfin la permission d’avoir des Soeurs de Sainte-Croix pour s’occuper de la cuisine de nos maisons de Saint-Laurent et de Notre-Dame des Neiges. Depuis longtemps le besoin des religieuses se fait sentir dans cet important département de ces deux maisons. Il met une condition à cette permission : que le costume de nos Soeurs soit un peu modifié, et qu’il diffère de celui des Soeurs Marianites de Saint-Laurent. »

Mgr Fabre, évêque de Montréal, en septembre 1875, rencontra Soeur Léonie, en route vers l’Indiana. Alors qu’elle lui soumettait le besoin des Collèges en personnel pour les tâches domestiques et qu’elle lui proposait même de demander des Sœurs de Sainte-Croix au père Sorin, sa réponse fut celle-ci : « Mais, ma Sœur, pourquoi ne feriez-vous pas une petite communauté pour le service des Collèges ? » Elle lui répondit : « C’est vrai, Monseigneur, nous y penserons. »

Elle en parla au père Camille Lefebvre, Supérieur du Collège Saint-Joseph et Provincial des Sainte-Croix au Canada. Il y a réfléchi et à l’été 1876, lors du Chapitre Provincial, il en fit la demande. De cette rencontre du 1er août 1876, est sorti le vœu suivant qui fut accepté à l’unanimité d’ouvrir à Memramcook un ouvroir où seraient formées, sous la direction des Sœurs de Sainte-Croix, des jeunes filles qui se destineraient à vivre sous une certaine règle, en se dévouant au service de nos maisons de la province.

Ainsi a été constitué l’Ouvroir de Memramcook. On donna à ces jeunes filles le titre d’Auxiliaires. Quelques-unes d’entre elles commencèrent immédiatement leur tâche au Collège Notre-Dame de la Côte-des-Neiges.

Au début de 1877, à la suite de remaniements dans l’administration des Soeurs de Sainte-Croix, le père Lefebvre reçut du père Sorin une lettre qui lui demandait, au nom de la Maison-Mère des Soeurs, cinquante piastres de salaire annuel, pour chacune des religieuses qui travaillaient au Collège. Le père Lefebvre répondit alors au père Sorin que le Collège ne pouvait absolument pas souscrire à cette demande.

Le père Sorin lui fit alors une nouvelle offre : « Vos religieuses consentent-elles à ne plus revoir Notre-Dame et que vous-même assumiez toute responsabilité vis-à-vis d’elles ? » Le père Lefebvre consulta chacune des soeurs. Les quatre soeurs irlandaises refusèrent de rester toute leur vie à Memramcook. Mais les deux soeurs de langue française y consentirent.

Une lettre de Soeur Léonie au père Sorin en fait foi : Je suis venue ici contre ma volonté, purement pour vous obéir, Ici, c’est la "contrée la plus sauvage de l’univers, le pays le plus misérable..., c’est à peine si l’on peut y vivre, c’est la pitié. Je vous l’avoue, je m’ennuie à mourir ! Je suis toujours prête à partir, n’attendant que le moment venu. » Mais peu à peu, sa vision a changé. Elle s’est attachée au pays, aux gens, à l’oeuvre que le Seigneur lui confiait. Et elle a profondément aimé l’Acadie. Elle a pu écrire : « J’ai trouvé ici le calme, le repos de l’âme. »

Mère Léonie va donc rester à Memramcook... et l’Ouvroir est assuré de survivre !

En quelle occasion avez-vous pu sauver un projet, une entreprise ou une personne ? Qu’avez-vous ressenti ?

En août 1877, après avoir suivi pendant quelques mois le règlement qui leur avait été spécialement donné, les 14 premières « auxiliaires » recevaient un costume particulier dans une courte cérémonie présidée par le père Lefebvre lui-même ! Et elles retournèrent à leur tâche... les unes à Memramcook, au Collège Saint-Joseph, et les autres à Montréal, au Collège Notre-Dame de la Côte-des-Neiges.

Plein de bonnes gens, le Supérieur Général en tête, se questionnent à leur sujet. Dans un article qu’il écrivait pour Le Moniteur Acadien, le Frère Aldéric présenta l’Ouvroir de Memramcook comme un Tiers-Ordre des Soeurs de Sainte-Croix.  Ceci causa un tollé dans la Congrégation. Le père Sorin vint donc demander des explications au père Lefebvre. Le 25 septembre 1877 il lui écrit : « Je viens de recevoir de France un document à votre sujet comme au mien, très sévère, m’accusant d’avoir outrepassé mes pouvoirs, en vous permettant d’instituer un tiers-ordre de Soeurs de Sainte-Croix, ce que le Chapitre Général seul avait le droit de sanctionner…

Le Père Lefebvre de répondre : « Le bon Frère Aldéric commit tout simplement une grossière erreur... Si le bon Frère m’avait soumis ces divers articles, je lui aurais fait faire les corrections concernant ces prétendues Tertiaires de Sainte-Croix qui n’ont jamais existé que dans son imagination. »

À Montréal, on s’est également demandé : « Qui sont-elles ? Pourquoi portent-elles un costume spécial ? Jouent-elles aux religieuses ? » Ces questions parvinrent aux oreilles de l’évêque de Montréal qui voulut, lui aussi, en savoir davantage. Il convoqua donc le Supérieur du collège Notre-Dame et lui demanda des explications. Il tenta d’expliquer la chose en disant à l’évêque qu’il s’agissait, bien simplement, de « bonnes filles de service, venues des paroisses du Nouveau-Brunswick » et que si elles avaient un costume uniforme, c’était uniquement pour les « attacher davantage à leur poste de dévouement et les soumettre à un régime de vie pieuse. »

Voilà qu’en plus, une méprise survint, à l’occasion du décès de l’une des premières Auxiliaires. À ses derniers instants elle a demandé que son chapelet soit remis à ses compagnes du collège Notre-Dame. Une méprise de la garde-malade a fait que le souvenir aboutit chez les Marianites de Saint-Laurent, ce qui provoque une nouvelle tempête contre les Petites Sœurs et donne lieu à un nouvel avertissement de la part de l’Ordinaire. C’en était assez : l’évêque leur imposa alors de déposer leur costume.

Rappelant, plus tard, toutes ces difficultés, Mère Marie-Léonie écrira dans ses notes intimes : Les premières Soeurs acadiennes ont fait leur noviciat sur le champ de bataille. Après quelques mois passés à la maison-mère, on les envoie fonder dans la misère et la pauvreté... C’est dans cette lutte qu’elles se forment à l’esprit de sacrifice, de dévouement et d’abnégation. Rien ne les effraie, pas même la privation de leur costume religieux. L’évêque a parlé, il leur a enjoint de quitter leur costume ou de partir. Elles ont vu le bien qu’elles pouvaient faire auprès de ces chers enfants, elles renoncent à leur costume, se mettent une humble capeline d’indienne sur la tête et vont leur chemin. Ainsi affublées, il semble qu’elles auraient dû être la risée des parents et des petits enfants. Rien de tout cela : parents et enfants aimaient et respectaient les Soeurs. N’empêche que non seulement elles ont fait le sacrifice de leur costume, mais même de leur honneur, car on est allé, dans certains milieux, jusqu’à se demander si elles n’étaient pas des madeleines…

L’obéissance est nécessaire pour continuer à servir dans la charité. Qu’avez-vous fait face aux oppositions dans votre vie ?

Et il n’y a pas qu’à Montréal qu’on se soit questionné sur elles. À Memramcook même, on s’est demandé : « Ne sont-elles pas trop nombreuses ? Ne vont-elles pas ruiner le Collège ? »

Heureusement que le Supérieur Général, le père Sorin et l’Administration provinciale les protégèrent... L’œuvre prospéra et les fondations se multiplièrent dans divers collèges des diocèses de Montréal et de Saint-Hyacinthe : après le Collège Notre-Dame, à Montréal, il y eut le Collège de Saint-Césaire en 1878, et celui de Farnham en 1879.

En avril 1880, le père Lefebvre se rendit en France pour le Chapitre Général de sa communauté. Il fit connaître aux capitulants son oeuvre de l’Ouvroir ainsi que tous les bienfaits et avantages de cette oeuvre. Il en profita alors pour solliciter l’approbation du Chapitre afin de constituer cette association en une famille religieuse vouée au service domestique des collèges, mais totalement distincte de celle des Soeurs de Sainte-Croix. Alors que les avis étaient bien partagés, car on avait peur que ces filles deviennent une charge trop lourde pour les collèges, le père Sorin se leva et dit : « Moi, avec ma vieille expérience, je puis vous assurer qu’une femme travaille jusqu’au bout. » Le Chapitre Général de Sainte-Croix approuva la nouvelle communauté.

Avez-vous prononcé des paroles qui ont conduit à la solution d’une situation ?

De retour à Memramcook, le père Lefebvre rédigea l’acte de fondation de la communauté : « Je, soussigné, atteste par les présentes, que, sur les explications par moi données au Chapitre Général des religieux de Sainte-Croix tenu le 19 avril 1880, au Collège de Neuilly, France, près de Paris, le susdit Chapitre permet l’existence d’une congrégation de femmes connue sous le nom de Petites Soeurs vouées au service matériel des maisons de Sainte-Croix en la province du Canada. Pourvu pourtant que les susdites Petites Soeurs en cas de séparation de biens s’engagent à ne réclamer que les dots qu’elles auront apportées en entrant dans la communauté des Petites Soeurs.

«En retour des services rendus aux dits religieux de Sainte-Croix, en la province du Canada, la corporation du collège Saint-Joseph de Memramcook s’engage à pourvoir à l’entretien des dites Petites Soeurs leur vie durant, et d’en prendre soin en maladie et à pourvoir à tous leurs besoins spirituels conformément aux règles de la charité. Les susdites Petites Soeurs qui auront pour patron la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, seront soumises à une règle les constituant en corps religieux laïque, à l’obéissance de laquelle elles seront soumises, lesquelles règles, en déterminant leurs obligations, les dirigeront plus sûrement dans la voie de la perfection chrétienne religieuse. » Signé : C. Lefebvre, c.s.c. Memramcook, 31 mai 1880

La communauté des Petites Soeurs de la Sainte-Famille était enfin fondée. Elle était l’oeuvre du père Camille Lefebvre et de Soeur Léonie. Le père Rézé, de concert avec Soeur Léonie, rédigea ensuite leurs règles et l’évêque du lieu, Mgr Sweeney, sans les approuver canoniquement, (il ne les approuvera d’ailleurs jamais !) permit, tout au moins, que ces Petites Soeurs fassent des voeux temporaires. Cette difficile situation allait encore durer 15 ans...

Avez-vous expérimenté que la Providence de Dieu se sert des difficultés pour vous amener là où il veut. Rappelez-vous ?

En 1883, l’Ouvroir était fondé, et tout allait pour le mieux.  C’est alors que le père Rézé avait dit qu’il était possible que dans quelques années les Soeurs de Sainte-Croix retournent à l’Indiana et que les Petites Soeurs pourraient se gouverner par elles-mêmes. À cette époque, Sœur Léonie partit pour aller visiter sa mission de Farnham.

L’idée émise par le père Rézé ayant pris racine dans quelques têtes, ces Soeurs de Memramcook jugèrent le moment venu. Elles décidèrent d’écrire alors une lettre au père Lefebvre à ce sujet. Quand le père Lefebvre eut lu la lettre, il se rendit tout de suite chez les Soeurs et mit un point final à toute l’affaire. Il leur fit bien comprendre que Soeur Léonie était et allait rester la Supérieure !

Quand elle revint de ses visites, il lui fit part de ce qui se tramait dans son dos. Elle ne laissa rien paraître à l’extérieur, de sorte qu’on crut qu’elle n’avait jamais su l’affaire. Et pourtant... Plusieurs années après, elle fit cette confidence à l’une de ses intimes : « À mon retour au collège Saint-Joseph, alors que je rendais compte au R.P. Lefebvre et de mon voyage à Saint-Césaire et à Farnham, pour une retraite, et des bonnes dispositions dont paraissaient animées toutes nos Soeurs, le Supérieur me dit : "Oui, vous croyez à la bonne foi de nos Petites Soeurs : tenez, vous lirez ce document et vous verrez ce à quoi il faut s’attendre dans la vie."

« L’enveloppe qu’il me remit contenait une longue lettre écrite par une postulante, sous la dictée des Soeurs qui venaient de terminer leur retraite prêchée par le R. Père X... On énumérait tous mes défauts : mon manque d’ordre, de tact, d’économie, de savoir-faire, et le reste ; puis finalement on le priait de me faire rappeler à Notre-Dame, Indiana. J’en ai eu beaucoup de peine, car je ne m’attendais pas à pareille chose ; non pas qu’il m’en coûtât de retourner à mon couvent, mais j’étais attristée de voir le peu de compréhension, d’estime et de reconnaissance dont ces pauvres filles faisaient preuve, après toute la peine que je m’étais donnée pour les former à la vie religieuse. Le père Lefebvre ne voulut pas, vous le comprenez, entendre parler de mon départ. Aussi il eut vite fait de mettre tout son monde à l’ordre. »

Ébranlée par cette affaire, Soeur Léonie écrivit au père Sorin : « Le bon père Rézé me disait encore dernièrement, qu’il vaudrait beaucoup mieux que cette communauté marchât par elle-même, et que maintenant les Soeurs de Sainte-Croix pouvaient se retirer. Aujourd’hui, je commence à le croire et l’on fait en sorte de me le faire sentir ; je mendierais mon pain de chaque jour avant de m’imposer à qui que ce soit. » Pour seule réponse, le père Sorin la maintint à son poste.

Être délogé après avoir donné le meilleur de soi, après avoir renoncé à ses aises pour donner à ces jeunes la possibilité de réaliser leur rêve, comment auriez-vous réagi ?

Recherche de la volonté de Dieu en tout et partout…

Six ans plus tard, en 1889, ce furent les Supérieures de Soeur Léonie qui voulurent, cette fois-ci, la retirer de Memramcook. En approuvant officiellement la Congrégation des Soeurs de Sainte-Croix en 1889, Rome exigea qu’elle se sépare complètement des Religieux de Sainte-Croix, et donc que soit définitivement supprimé le noviciat de Notre-Dame qu’avait fondé le père Sorin pour préparer les religieuses destinées aux travaux domestiques. Par ailleurs, la communauté des Petites Soeurs de la Sainte-Famille avait grandement prospéré depuis leur fondation : elles étaient déjà 64 membres !

C’est Soeur Léonie qui écrivit elle-même à chacune de ses maisons et offrit de céder sa place comme responsable de la communauté. Elle invita chacune des Petites Soeurs à exprimer, librement et par vote secret, ce qu’elles désiraient : voulaient-elles être totalement autonomes et donc, son départ comme responsable de la communauté, ou préféraient-elles qu’elle restât encore à leur tête ? Et pour qu’elles se sentent totalement libres de choisir elle ajouta : je ne verrai jamais ces listes. Seul le père Sorin, Supérieur Général, allait prendre connaissance des réponses.  Quant à elle, elle s’abandonnait à Dieu.

Quand les réponses parvinrent au père Sorin, le résultat était clair : de façon unanime, les Petites Soeurs la voulaient comme Supérieure ainsi que ses deux compagnes de Sainte-Croix.

D’autres épreuves attendaient encore Soeur Léonie, et l’une d’elles fut l’intolérance de Mgr Sweeney, l’évêque de Saint-Jean, NB. Jamais il n’accepta de donner à la jeune communauté une reconnaissance canonique. Conséquemment, plusieurs jeunes filles sérieuses, lasses de devoir toujours faire des voeux privés, par manque d’approbation épiscopale, passèrent à d’autres communautés... Ceci amena Mère Léonie à se chercher un autre diocèse d’accueil pour obtenir enfin l’approbation épiscopale et le droit de faire des voeux publics.

Elle eut à vivre plusieurs deuils difficiles : Six membres de sa jeune communauté, ses deux premières compagnes de Memramcook, Soeur Marie-de-la Rédemption en 1891 et Soeur Marie-de-Sainte Philomène en 1892.  Puis, ce fut le tour de sa bonne maman, en 1893, son père spirituel, le père Édouard Sorin, au soir du 31 octobre 1893. Et comme si cela n’était pas assez, le 28 janvier 1895, elle eut la douleur de perdre le Père et le Protecteur de ses Petites-Soeurs, le père Camille Lefebvre, que l’on trouva mort dans son sommeil : il n’avait que 64 ans.

La mort du père Lefebvre fut une terrible épreuve pour Mère Léonie. Elle écrit : L’Acadie vient de perdre son Apôtre ! perdre son père !  Elle ajoute : Ma douleur est extrême !    Il était pour moi un frère !   J’ai le coeur bien malade et l’esprit encore plus !... quel coup terrible pour tout le monde ! C’est la désolation partout !!!

Le père Roy, alors en poste à Saint-Laurent, lui écrit : « Ma bonne Soeur, efforcez-vous bien de reconquérir votre tranquillité, votre calme au sujet de ces divers événements ; la main de Dieu n’est pas étrangère à tout ceci ; elle a ses vues pour purifier de plus en plus ses élus. Vous savez que c’est là l’histoire de presque tous les fondateurs et bienfaiteurs insignes, d’éprouver des peines et des déboires au sujet de leurs oeuvres de prédilection. Espérons fermement dans la divine Providence, car son bras n’est point raccourci. Au moment où les difficultés semblent extrêmes, un secours puissant et inattendu vient changer la face des choses ; laissez les hommes s’agiter, puis, sans vous troubler, armez-vous de la prière... »

Quand tout semble sans espoir, demeurez vigilant pour percevoir l’inespéré… N’oubliez pas d’écrire votre histoire et le chemin de votre vie pour y découvrir les merveilles de Dieu. Ce sont des lumières pour solidifier votre foi…

______________________________________________________________________________________

 Je crois en toi, mon Dieu, je crois en toi

J'espère en toi, mon Dieu, j'espère en toi, Ta main, du haut des cieux, prend soin de moi. Quand sous l'effort je ploie, quand sombre toute joie, j'espère en toi, mon Dieu, j'espère en toi. N'aimer que toi, mon Dieu, n'aimer que toi.

______________________________________________

Désidez-vous devenir « Ami(e)s de mère Marie-Léonie » ?

Inscription - Amis